Le Parisien - 24/07/08
Propos recueillis par Michel Valentin
Etes-vous inquiète de la multiplication des incidents dans l'industrie nucléaire française ?
Corinne Lepage. Ce qui se passe est tout à fait anormal. A commencer par l'incident de la semaine dernière au Tricastin, qui a été classé de niveau 1, car sans impact sur l'environnement. Dans ce cas-là, pourquoi autant de communication, c'était du jamais-vu ! Je pense que cet événement aurait dû être classé de niveau 2. Et je m'interroge sur les raisons pour lesquelles cette médiatisation survient.
Qu'en déduisez-vous ?
Je
me demande si nous ne sommes pas en face d'une opération concertée pour
banaliser les incidents dans le nucléaire. Dans la grande privatisation
qui se prépare dans cette industrie (NDLR : une fusion Areva-Alstom est
évoquée depuis plusieurs mois) , on essaie d'habituer les Français. On
prépare le terrain en leur disant que ce ne sont que des incidents
mineurs, et en leur déclarant à chaque fois : Vous voyez bien, on ne
vous cache rien, on vous dit tout .
Vous vous préoccupez aussi de l'état de nos réacteurs ?
Oui. J'ai été saisie par un collectif regroupant des Français, des Suisses et des Allemands à propos de la centrale de Fessenheim, qui est vieille et n'a pas bénéficié des investissements nécessaires pour des questions de rentabilité. Je m'apprête à déposer un recours gracieux auprès du préfet du Haut-Rhin et du gouvernement pour les alerter sur la situation.
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